Microbiote et santé neurologique
- Auteur : DIOP Abderrahmane
- Mercredi 12 Février 2025
Le microbiote intestinal, souvent désigné comme notre « deuxième cerveau », joue un rôle fondamental dans notre santé globale. Au-delà de ses fonctions digestives, il influence fortement notre système nerveux central via ce que l’on appelle l’axe intestin-cerveau.
De nombreuses recherches récentes suggèrent que des déséquilibres du microbiote (dysbiose) pourraient être liés à divers troubles neurologiques, allant de la maladie de Parkinson aux troubles anxieux en passant par la dépression et l’autisme. Mais comment ces milliards de micro-organismes interagissent-ils avec notre cerveau, et quel rôle la nutrition peut-elle jouer pour rééquilibrer cet axe essentiel ?
L’axe intestin-cerveau : un dialogue permanent
L’axe intestin-cerveau est un réseau de communication bidirectionnel impliquant plusieurs voies :
• Le nerf vague : véritable autoroute de l’information entre l’intestin et le cerveau, il transmet des signaux influencés par l’activité microbienne
• Les métabolites microbiens : les bactéries intestinales produisent des neurotransmetteurs (sérotonine, dopamine, GABA) et des acides gras à chaîne courte (AGCC), qui peuvent moduler l’humeur et les fonctions cérébrales.
• Le système immunitaire : un microbiote équilibré régule l’inflammation et protège le cerveau contre les processus neurodégénératifs.
Microbiote et pathologies neurologiques : quelles connexions ?
Les études montrent que des altérations du microbiote sont associées à plusieurs troubles neurologiques :
a. Dépression et anxiété
Un microbiote appauvri et une augmentation des bactéries pro-inflammatoires sont souvent observés chez les patients souffrant de dépression. Des probiotiques spécifiques (psychobiotiques) et une alimentation riche en fibres et en polyphénols pourraient jouer un rôle dans la réduction des symptômes.
b. Maladie de Parkinson
Chez les patients atteints de Parkinson, des anomalies du microbiote sont observées bien avant l’apparition des symptômes moteurs. La production excessive d’α-synucléine dans l’intestin pourrait migrer vers le cerveau via le nerf vague.
c. Autisme
Les enfants autistes présentent souvent une dysbiose intestinale, avec une prévalence élevée de bactéries pathogènes et un déficit en certaines souches bénéfiques. Des stratégies nutritionnelles comme le régime cétogène ou l’augmentation des fibres fermentescibles sont explorées pour améliorer les symptômes.
Le rôle de la nutrition dans la modulation du microbiote
L’alimentation joue un rôle clé dans l’équilibre du microbiote et peut influencer directement la santé neurologique :
• Fibres prébiotiques (légumes, fruits, céréales complètes) : favorisent les bactéries bénéfiques productrices d’AGCC.
• Probiotiques (yaourt, kéfir, choucroute) : réensemencent l’intestin avec de bonnes bactéries.
• Oméga-3 (poissons gras, noix) : possèdent des effets anti-inflammatoires qui protègent l’axe intestin-cerveau.
• Polyphénols (thé vert, cacao, baies) : modulent la composition du microbiote et réduisent le stress oxydatif.
L’axe intestin-cerveau représente une piste passionnante pour la compréhension et la prise en charge des troubles neurologiques. Un microbiote en bonne santé pourrait être un levier thérapeutique puissant pour moduler l’humeur, prévenir les maladies neurodégénératives et améliorer le bien-être mental. La nutrition apparaît ainsi comme un outil clé pour influencer positivement cette connexion intime entre nos intestins et notre cerveau.
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